Haut-Uélé : Mission d’évaluation de Caritas à Doruma, Gangala, Ngilima et Bangadi : populations sans assistance et traumatisées

Après l’incendie de leurs cases par les rebelles LRA, des villageois tentent de reconstruire leurs habitations à Doruma, 26 janvier 2009, Photo Caritas Congo.
Après l’incendie de leurs cases par les rebelles LRA, des villageois tentent de reconstruire leurs habitations à Doruma, 26 janvier 2009, Photo Caritas Congo.

Doruma, le 27 janvier 2009 (caritasdev.cd)

Trois missions d’évaluation de la situation des personnes déplacées par les dernières attaques meurtrières des rebelles ougandais de la LRA viennent d’être organisées par les équipes de la Caritas Dungu-Doruma, appuyées par la Caritas-Développement Congo, au poste administratif de Doruma et ses environs (à plus de 210 Km de la Cité de Dungu), à la Cité de Gangala dans la collectivité qui porte le même nom( à près de 20 Km de la Cité de Doruma) ainsi que dans les localités de Ngilima(à 45 Km de la Cité de Dungu) et Bangadi (à 180 Km de la Cité de Dungu).

Toutes ces localités sont situées sur l’axe qui relie la Cité de Dungu à celle de Doruma. Ces évaluations ont visé un quadriple objectif : connaître la situation exacte des déplacés, relever leurs besoins fondamentaux, les recenser et étudier la meilleure voie par laquelle faire parvenir urgemment l’aide humanitaire, déjà mobilisée par la Caritas, rapporte caritasdev.cd.

Les environs de Doruma et toutes les voies qui y mènent demeurent la région la plus dangereuse actuellement avec une très forte activité des rebelles ougandais de la LRA. Ces rebelles sèment la terreur, la désolation et toutes sortes d’exactions contre les populations civiles dans tout ce secteur. La présence de quelques éléments des Forces Armées de la République Démocratique du Congo n’est signalée que dans le Centre de Doruma et Gangala.

Il n’y existe encore aucune présence des casques bleus de la Mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUC) et aucune organisation humanitaire n’ose s’y aventurer.
1- Missions Caritas à Doruma, même constat: de nombreux déplacés sans assistance
La première mission, menée par motocyclette, s’est déroulée durant trois jours la semaine dernière sur l’axe Dungu jusqu’à Bangadi en passant par Ngilima. La seconde mission a été conduite du 18 au 26 janvier 2009 à Doruma et Gangala par le Secrétaire de la Caritas Dungu-Doruma, accompagné d’un agent recenseur de la même organisation. Cette mission a été rendue possible grâce à un vol aérien spécial. S’agissant de la dernière mission, elle s’est déroulée le lundi 26 janvier 2009 à la Cité de Doruma. Cette récente évaluation a été menée par le Chargé de la logistique de la Caritas-Développement Congo, Monsieur Raymond LUBANZA, et le Directeur de la Caritas Dungu-Doruma, Monsieur l’Abbé Come Mbolingaba.

Routes impraticables, ici convoi Caritas en route pour la localité de Mbengu bloqué dans la boue, 23 janvier 2009, Photo Caritas Congo.
Routes impraticables, ici convoi Caritas en route pour la localité de Mbengu bloqué dans la boue, 23 janvier 2009, Photo Caritas Congo.

Les trois missions ont établi un même constat : de nombreux déplacés souvent regroupés dans les centres des Cités sans aucune assistance. Les lieux de regroupement des déplacés correspondent au poste sécurisé par certains éléments des FARDC. Leurs besoins s’expriment en termes de soins médicaux, biens non alimentaires, vivres et sécurité. Ces déplacés ne peuvent se rendre au champ pour chercher de quoi se nourrir, à cause des rebelles qui rôdent autour de la Cité. Pas plus tard que dimanche 25 janvier 2009, les corps de deux femmes déplacées, ayant bravé le danger pour récupérer des vivres dans les champs, ont été retrouvés par les villageois, à moins de 12 Km de la Cité de Doruma. Selon les médecins, ces femmes ont été vraisemblablement violées puis tuées avant que leurs corps ne soient traînés.
Plusieurs cas de viols et de traumatismes, aussi bien chez les vieillards que chez les enfants, ont été rapportés aux équipes de la Caritas. La plupart des déplacés ont aménagé des abris de fortune aux alentours des hôpitaux de la place, à défaut d’y trouver un logement précaire. Dans la Cité de Doruma, il se pose déjà un vrai problème d’eau et d’assainissement, car il n’y existait presque pas de source d’eau potable aménagée.
Enfants traumatisés en observation à l'Hôpital de Doruma, visités par Caritas, 26/01/2009, Ph. Caritas Congo
Enfants traumatisés en observation à l'Hôpital de Doruma, visités par Caritas, 26/01/2009, Ph. Caritas Congo

2 439 ménages déplacés ont été recensés à Doruma et 1.327 ménages à Gangala. Des centaines d’autres familles déplacées ont été identifies notamment à Ngilima, Li-May et Bangadi.
2- Caritas planifie une distribution urgente de l’aide humanitaire
Des travaux d’élargissement de la piste locale d’atterrissage pour avions sont en cours d’exécution à la Cité de Doruma. Ces travaux sont exécutés par les équipes paroissiales Justice et Paix et Caritas en collaboration avec certaines Organisations de la Société civile locale en vue de permettre un pont aérien, si possible. Une fois acheminée à Doruma, l’assistance humanitaire pourrait être aisément repartie et distribuée dans les sites des déplacés aux environs.
Dans l’entre-temps, Caritas envisage et négocie la possibilité d’organiser un convoy humanitaire par route, même sous escorte des FARDC et/ou MONUC, pour acheminer d’urgence l’aide humanitaire aux vulnérables.
Par ailleurs, Caritas-Développement Congo réitère son plaidoyer auprès du Gouvernement Congolais pour davantage de sécurité dans la région en faveur des populations civiles actuellement menacées par les éléments de la LRA et la faim. Aux Nations Unies, Caritas demande de déployer des casques bleus de la MONUC dans les régions troubles du District du Haut-Uelé en Province Orientale.

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